Masques Covid et empreinte écologique

La RTS nous apprend aujourd’hui que l’UNI-santé a publié une étude proposant une solution pour réduire l’impact environnemental des masques chirurgicaux « anti-covid ». Il « suffit » de conserver un masque chirurgical à température ambiante pendant 7 jours avant de le réutiliser. Après ce laps de temps, les chances de survie du virus sur la surface du masque sont quasi nulles. En procédant ainsi, il est possible de diviser par 10 le nombre de masques utilisés.

Le masque en tissu est aussi une bonne solution, à condition qu’il soit « fait maison » ou de production locale.

Selon l’étude, si 10% de la population suisse utilisait cette solution (« semainier ») ou de masques en coton faits maison cela équivaudrait à éviter que l’équivalent de 10 millions de bouchons de bouteilles en plastique en PP (i.e. la même matière plastique qui constitue les masques, le polypropylène) ne se retrouvent dans la nature. Un tel scénario permettrait de couvrir à lui seul environ 6% de l’objectif de réduction annuel d’UCE (unités de charge écologique) visé par la Confédération.

Pour les animateurs du flash-Info énergie, cet exemple très actuel peut être une illustration intéressante du thème de l’énergie grise à présenter aux élèves. Il pourrait même constituer un choix intéressant lorsque l’on souhaite présenter un exemple plus simple que celui de la cellule photovoltaïque (classes d’accueil, à effectif réduit, etc.).

Communiqué de presse

Etude (en anglais)

Energies « vertes » : toutes les vérités sont bonnes à dire, mais alors toutes !

Le questionnement d’une enseignante et de ses collègues et élèves sur le documentaire « la face cachée des énergies vertes » vu il y a quelques temps à la TV nous donne l’occasion de vous faire part de notre réflexion sur cette thématique controversée. A une époque où l’éducation aux médias est un enjeu majeur, ce film nous rappelle combien il est important de remettre les propos d’un auteur dans leur contexte, de questionner les sources, et de prendre du recul par rapport au message délivré.

Il est vrai qu’au visionnement de ce reportage, on pourrait être tenté de remettre en question nos certitudes sur les énergies renouvelables. En effet, l’enquête se targue de faire la lumière sur leur « face cachée passée sous silence tant les enjeux industriels et politiques sont considérables ». En pointant les métaux rares nécessaires, la pollution des environs des sites d’extractions ou encore le problème du recyclage des installations, ce film de G. Pitron et J.-L. Pérez dresse un bilan catastrophique de la direction qu’est en train de prendre la transition énergétique articulée par les politiques de nos pays « industrialisés ».

C’est justement le ton particulièrement négatif utilisé dans ce reportage, uniquement à charge, comme le soulève C. Pacary, dans sa critique publiée dans « Le Monde », qui dérange. En effet, le film pointe seulement les problèmes posés par l’utilisation des technologies solaires et éolienne, ainsi que l’électrification de notre mobilité. Or, on ne nous apprend rien en montrant que les énergies renouvelables ont des défauts. Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls, si on mentionne encore leur intermittence, ou les difficultés de stockage, par exemple. Pourtant si on avait trouvé une source d’énergie sans défaut, on n’aurait pas de problème avec notre utilisation d’énergie. Malheureusement une telle source n’a pas encore été découverte. Et n’existe peut-être pas…

Il aurait dès lors été plus constructif de mieux mettre en balance ces problèmes avec les avantages des énergies renouvelables ou encore les défis également monumentaux que pose l’utilisation des énergies non-renouvelables actuellement. Citons par exemple la pollution induite par l’extraction des hydrocarbures non-conventionnels, auxquels nous devrons avoir de plus en plus recours (ex : gaz de schiste). Rappelons également qu’avec les énergies renouvelables, la pollution concerne surtout la partie « transformation », donc les installations de transformation d’énergie primaire en électricité. Or, une fois que toutes ces « centrales électriques » seront installées, la production d’électricité renouvelable aura relativement peu d’impacts. En revanche, avec les énergies non-renouvelables, en plus des impacts liés aux installations de transformation, la pollution provient principalement de la ressource et est donc sans fin.

Image tirée du film La face cachée des énergies vertes

De plus, certaines méthodes du reportage nous semblent discutables comme celle de présenter une situation d’échec très spécifique pour invalider une technologie. Ainsi, un champ d’éoliennes démantelées et laissées sur place est présenté. On comprend bien que si ce chantier avait été géré correctement, cette situation ne se serait produite. Dans le même ordre d’idée, il est arrivé que toute une flotte d’un modèle de voiture soit rappelée à l’usine en raison d’accidents imputés une erreur de conception sans que cela remette en cause toute la filière automobile. A l’exception du nucléaire, dont les conséquences d’un accident sont incalculables, un cas de mauvaise mise en place ne devrait pas être utilisé pour invalider l’ensemble d’une technologie.

Le problème du message laissé par ce reportage est que si l’on s’arrête à pointer du doigt les énergies renouvelables sans rappeler celui des économies d’énergie et de la sobriété en général, cela revient à se convaincre de ne rien changer à notre société ou nos habitudes. Rappelons que c’est exactement le genre d’arguments qu’affectionnent pro-énergies fossiles, pro-nucléaires voire certains climato-sceptiques. Interrogés par des journalistes et internautes (ici et ici), les auteurs ont eu l’occasion de répondre que leur intention était juste d’informer et alarmer mais qu’au fond leur avis est bien sûr en faveur des énergies renouvelables et de la sobriété énergétique. Cependant, c’est leur reportage diffusé en heure de grande écoute qui a fait beaucoup de bruit, dans lequel ces prises de position restent, à notre sens, trop discrètes.

Sur cette thématique complexe, il est d’autant plus important de sensibiliser les élèves et le public en général à garder un regard critique face à l’information. Or, dans ce domaine en constant progrès, les chiffres changent très vite et on se retrouve souvent face à 2 affirmations totalement contradictoires. Ex : un rapport de l’ADEME de 2012 cité dans le reportage dont les conclusions seraient que les impacts environnementaux d’un véhicule électrique sont aussi importants que ceux d’un véhicule thermique. Or, une étude du PSI de 2020 (citée par Marc Müller[1] dans cette vidéo qui analyse le reportage) affirme que dans la grande majorité des cas, les impacts sont moindres pour l’électrique que pour le thermique. Ce qui était sûrement vrai il y a seulement 10 ans peut être dépassé aujourd’hui.

Au passage, rappelons que la transparence des sources utilisées est souvent un gage de crédibilité. Citons à ce propos le calculateur développé par le PSI en parallèle à l’étude précitée, qui permet de visualiser les impacts environnementaux (émissions de CO2, mais aussi d’autres indicateurs) de véhicules électriques, à hydrogène et moteurs thermiques avec différents carburants.

Pour terminer, ce reportage a le mérite de nous rappeler et illustrer quelques côtés négatifs des énergies renouvelables peu souvent cités, il est vrai. Dès lors, à nous de poursuivre la réflexion intelligemment pour aller vers une transition énergétique rationnelle. Citons deux pistes particulièrement sensées :

  • chaque filière énergétique mérite une réflexion globale, dans une perspective circulaire, afin de prendre en compte tout le « cycle de vie ».
  • les objectifs ne doivent pas être perdus de vue et fondus dans les défis technologiques. Sinon on se retrouvera avec des productions d’électricité 100% renouvelables mais une consommation colossale ou encore des voitures de plus en plus électriques, mais beaucoup trop lourdes, trop nombreuses, trop souvent utilisées et « mal » fréquentées.

Voilà encore quelques points à retenir pour les animations :

  • Garder les termes scientifiques et un ton neutre :
    • Renouvelables au lieu de propres ou vertes.
    • Pollue peu, moins, plutôt que ne pollue pas.
  • Veiller à l’exactitude des termes :
    • Renouvelable = solaire, éolien, mais aussi hydraulique et biomasse et géothermie
  • Se souvenir qu’il n’existe pas (ou n’a pas encore été découverte) une source d’énergie à zéro impact. C’est pourquoi dans le message que l’on laisse aux élèves, l’utilisation rationnelle de l’énergie et la sobriété sont primordiales.

 

Merci à Martin Reeve pour sa relecture et ses conseils avisés et à Aline Clerc pour ses inputs.

 

[1] Auteur du film « A contresens », une enquête sur l’information autour de la voiture électrique.

Transports et comportements

La presse (ex. 20minutes) a fait écho des dernières statistiques suisses sur les trajets domicile-travail.

Il en ressort que 71% des habitants ont quitté leur commune de domicile pour travailler en 2019 alors qu’ils n’étaient que 59% en 1990; et la part d’habitants travaillant dans un autre canton que celui du domicile a presque doublé.

Cette évolution a bien entendu des conséquences sur nos consommations d’énergie ce d’autant plus que 51% de ces trajets se font en voiture.

D’une manière générale, le temps de trajet domicile-travail considéré comme acceptable augmente au sein de la population. Cela s’explique en partie par le coût des logements qui pour être abordables (location ou construction) impliquent souvent de vivre en dehors des grandes agglomérations.

Dans le cadre notre développement de la plate-forme intercantonale Mobility-impact.ch, nous avions réalisé une série de capsules vidéo avec la RTS. La capsule ci-dessous aborde illustre cette problématique en répondant la question « Agrandir les autoroutes permet-il de supprimer les bouchons ? ». C’est Alain Kaufmann de l’EPFL qui apporte une réponse d’expert à cette question.

Dans cette capsule on propose des solutions comme les péages au centre ville. Avec l’expérience de la Covid, on peut aussi ajouter le développement du travail à domicile grâce aux nouvelles technologies de communication…

Affaire à suivre…

MR.

Nouvelle étiquette-énergie : les + en –

L’Europe a pris son temps, mais un nouveau système d’étiquette-énergie va entrer en vigueur dès mars 2021 . Cette nouvelle méthode d’attribution des notes de l’étiquette énergétique va d’abord concerner les lave-linge et lave-vaisselle, les réfrigérateurs et congélateurs, les téléviseurs, les écrans et les ampoules (phase transitoire jusqu’à décembre 2021 et août 2022 pour les ampoules). Pour les autres produits de groupes, tels que climatiseurs, sèche-linge, aspirateurs, chauffe-eau, etc., l’introduction de la nouvelle étiquette ne se fera qu’après la mise en vigueur des nouveaux règlements de l’UE, soit au plus tôt en 2022.

Ce changement s’explique principalement par le fait que les concepteurs de l’étiquette-énergie d’origine n’avaient pas suffisamment prévu les progrès techniques améliorant l’efficacité des appareils. Ainsi, par exemple, pour les réfrigérateurs ou les ampoules il a été nécessaire d’inventer de nouvelles catégories comme A+, A++, A+++. Cette situation apporte une grande confusion car parfois un appareil A++ est en fait le modèle le moins performant autorisé en Suisse. C’est le cas, par exemple, des réfrigérateurs qui doivent depuis 2013 être au minium de la classe A++ !

Depuis de nombreuses années nous avons pensé qu’il fallait remplacer cette classification par un millésime. En effet, c’est surtout au moment de l’achat que l’étiquette-énergie est utile. Il s’agit donc d’acheter l’appareil le plus efficace au moment de l’achat, la norme et la note pouvant ensuite évoluer pour s’adapter aux évolutions techniques sans entrer dans l’absurdité des ++++++++.

La nouvelle étiquette-énergie comprendra ainsi uniquement les classes d’efficacité énergétique de A à G (fini les +++ !!!).  Les critères pour les limites de classes seront régulièrement adaptés en fonction de l’évolution du marché et de la technologie. Pour se donner de la marge, la classe B sera dans un premier temps la classe maximale. Les appareils classés A+++ aujourd’hui seront ainsi bientôt classés B ou C.

Ce changement s’accompagnera également d’indications complémentaires selon les appareils, par exemple des niveaux de bruit et également d’autres méthodes de calcul. Un QR code permettra d’accéder à des informations supplémentaires sur le produit.

Selon la révision de l’ordonnance suisse OEEE (15.5.2020), en plus de la classe d’efficacité énergétique effective, il faudra également afficher l’éventail des classes disponibles afin d’éviter que le consommateur pense acheter un appareil convenable au niveau énergétique alors qu’il s’agit du niveau le plus bas autorisé dans un pays.

Selon nous, il n’est pas certain que cette indication soit bien comprise par le consommateur…Peut-être que de griser les catégories exclues avec l’indication « non autorisés à la vente en Suisse » serait plus parlant.

On peut constater que le principe du millésime n’est qu’implicite. L’indication de date est peut-être indiquée en tout petit, en bas à droite de l’étiquette. Est-ce la période de validité de la norme ?

Sans indication claire d’un « millésime », le consommateur trouvant son même produit quelques années plus tard avec une note dégradée ne va peut-être pas comprendre que celui-ci n’a pas régressé ou changé mais que c’est la norme qui est devenue plus sévère.

Pour plus d’info  : https://newlabel.ch/fr/etiquette-energie-2021/

Ces ingénieuses inventrices oubliées…

Dans un monde qui historiquement a été dominé par les hommes, il est normal que proportionnellement peu de femmes aient eu l’opportunité de se distinguer dans le domaine scientifique et technique.

Si l’on consulte sur Internet divers sites listant des inventions importantes réalisées par des femmes, on constate deux choses :

  1. il y a une très grande majorité de femmes inventrices au 20ème siècle ce qui est probablement la conséquence de leur émancipation progressive (études, travail, justice, opportunité de déposer un brevet, etc.)
  2. les inventions présentées dans certaines listes sont particulièrement liées au contexte domestique (invention du sac en carton à fond plat, de la machine à laver, de la planche à repasser moderne…). D’un côté, il est logique que ces inventrices aient exprimé leur créativité dans le contexte dans lequel on les avait cantonnées mais on peut aussi supposer que ces listes sont elles-mêmes un peu machistes. En effet, des femmes ont été novatrices dans bien d’autres domaines comme le montre la liste de wikipedia.

Et rendons particulièrement hommage à l’américaine Tabitha Babbitt qui, en 1813, a fait éclater tous les préjugés en inventant la scie circulaire !!! et à l’écossaise Jude Almeida qui, en 1966, fut la première à identifier un groupe inconnu de virus qui sont aujourd’hui dénommés Corona !

Si le nombre restreint d’inventrices et de grandes scientifiques s’explique historiquement et sociologiquement, un autre phénomène est probablement aussi à l’œuvre. Ces femmes ont sans doute été moins médiatisées que leurs contemporains masculins et leurs contributions à la science minorées. Dans ce contexte, il est légitime aujourd’hui de redécouvrir et célébrer des femmes remarquables qui, dans un contexte qui leur était hostile, sont parvenues néanmoins à exprimer leur génie inventif.

Dans le domaine qui nous concerne, l’ingénierie énergétique, on peut citer tout particulièrement :

Alice Parker (1895-1920), inventrice d’un système de chauffage central à gaz

Cette afro-américaine a inventé un système de chauffage à gaz pour alimenter des immeubles entiers. Elle déposa un brevet en 1919 qui proposait d’utiliser le gaz naturel pour le chauffage d’immeubles alors qu’il avait jusqu’alors un usage industriel, son concept prévoyait une production centralisée et une transmission de la chaleur par air chaud. La vraie originalité de sa proposition et qui lui valut l’acceptation de son brevet, était que son système permettait de réguler la température différemment selon les espaces chauffés. Malheureusement pour elle, son concept ne fût jamais appliqué car il ne résolvait pas les risques d’explosion, de feu et de brûlures. Pratiquement rien n’est connu de la vie d’Alice Parker à part qu’elle travaillait comme cuisinière particulière et que son mari était un majordome

Margaret A. Wilcox (1838 – ?): inventrice du premier chauffage de voiture en 1893.

Cette américaine a été l’une des premières ingénieures mécaniciennes. Elle a notamment inventé la première machine à laver le linge et la vaisselle (on peut imaginer que tout n’était pas lavé en même temps…). Sinon on lui doit le premier chauffage de voiture dont elle a déposé en le brevet en 1893. Celui-ci était constitué d’une chambre de combustion sous la voiture et de tuyaux pour transmettre de l’eau chaude. Son système redirigeait de l’air au-dessus du moteur pour alimenter le chauffage ce qui correspond au principe de base utilisé dans les automobiles modernes. Elle a également inventé une chaudière en collaboration avec un certain Harry S. Stewart.

Eunice Newton Foote : qui a découvert l’effet du CO2 comme gaz à effet de serre

Eunice Newton Foote (1819-1888) a été la première à expérimenter l’effet de réchauffement produit par l’action des rayons du soleil sur différents gaz. En 1856, elle a théorisé le fait qu’une augmentation de la quantité de CO2 dans l’atmosphère influence la température.

Elle est ainsi la première à avoir fait le lien entre la présence de CO2 dans l’air et le réchauffement climatique. Eunice Newton Foote n’a été redécouverte qu’en 2010 et il n’est pas clair si John Tyndall, à qui l’on attribue généralement cette découverte en 1859, avait eu vent de ses recherches. Cette question a fait l’objet d’une enquête historique qui s’intéresse aux inventions « simultanées » mais aussi bien entendu aux biais sociaux (genre, professionnel-amateur, etc.) :

Maria Telkes (1900-1995): pionnière dans le domaine de l’énergie solaire

Cette americano-hongroise physicienne-chimiste et inventrice s’est particulièrement intéressée à l’énergie solaire et à son stockage thermique. Elle a notamment inventé un désalinisateur solaire pour bateau de sauvetage pendant la seconde guerre mondiale. En 1948, en collaboration avec l’architecte Eleanor Raymond, elle a conçu le Dover Sun House. Entre les murs de ce bâtiment un sel particulier pouvait fondre sous l’effet du soleil, emmagasiner la chaleur et la réémettre une fois durci. Son système utilisait des vitrages pour capter la chaleur solaire et l’amener au niveau des sels. Dans les années 70 elle a créé plusieurs entreprises novatrices dans le domaine du solaire puis participé dans les années 80’ à la construction d’une maison solaire autonome.

Ces quelques exemples plaident bien évidemment pour une meilleure représentativité des femmes au sein des entreprises techniques !

Réchauffement climatique – controverse autour de l’analogie à une serre

Suite à la lecture des résultats d’une étude sur l’enseignement des enjeux climatiques à l’école (https://orfee.hepl.ch/handle/20.500.12162/2510), il nous a semblé judicieux de revenir sur un point : comment expliquer le réchauffement climatique, les gaz à effet de serre, etc. de manière simple, mais correcte d’un point de vue scientifique dans nos animations.

Pourquoi le fait de consommer de l’énergie a une influence sur le réchauffement climatique ?

Le problème dans ce cas vient principalement de l’utilisation des sources d’énergie fossiles. Lorsqu’on utilise du pétrole, du gaz naturel ou du charbon, des gaz sont émis, parmi lesquels certains sont appelés « gaz à effet de serre » (GES). Il s’agit notamment du CO2 (dioxyde de carbone, lors de la combustion), mais aussi du CH4 (méthane, lors de l’extraction, du transport, du raffinage, de combustion incomplète).

Les gaz à effet de serre ont la propriété de laisser les rayons solaires arriver jusqu’à la surface de la Terre, mais d’absorber la quasi-totalité du rayonnement infrarouge (thermique) provenant de la Terre. Ceci veut dire que s’il n’y avait pas du tout de gaz à effet de serre dans notre atmosphère, la Terre émettrait vers l’espace autant de rayonnement infrarouge que ce qu’elle reçoit du soleil. La température moyenne sur notre planète serait aux alentours de -18°C.


La Terre reçoit du rayonnement solaire, la surface se réchauffe, ce qui lui fait émettre un rayonnement infrarouge. La température s’équilibre à ~-18°C.

Les gaz à effet de serre présents naturellement dans l’atmosphère absorbent le rayonnement infrarouge émis par la Terre et en réémettent une partie vers la surface de la Terre et l’autre vers l’espace. La température moyenne de surface est alors aux alentours de 15°C.


Explication simplifiée de l’effet de serre naturel.

Le problème vient donc d’une surconcentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, due principalement aux activités humaines. Le forçage radiatif est donc augmenté, ce qui fait augmenter de quelques degrés la température moyenne à la surface de la Terre.


Augmentation du forçage radiatif avec les émissions de gaz à effet de serre issus de l’activité humaine.

Autre explication intéressante :

https://www.education21.ch/sites/default/files/uploads/themendossier/Klima/FR/fiches/TD_KWP_f_FB_EFFET_DE_SERRE_191120_phh.pdf

Remarque 1 : parmi les produits de combustion des énergies fossiles, on retrouve également d’autres polluants comme les particules fines (provoquant des problèmes respiratoires), le souffre et l’oxyde de souffre (responsables des pluies acides), ou encore les cendres contenant des métaux lourds, sans parler de contamination des milieux directement par écoulement d’hydrocarbures.

 Remarque 2 : Nous avons parlé ici uniquement de conséquence directe d’utilisation d’énergies fossiles, mais ces émissions de gaz à effet de serre proviennent également de la production, du transport, de l’élimination des biens de consommations du quotidien.

Controverse de la serre

Le terme « effet de serre » a commencé à être utilisé dans les années 80, lors de la vulgarisation d’un bon nombre de rapports alarmants sur le réchauffement climatique.

En effet, l’analogie à une serre permet de bien imager le phénomène, surtout que les vitres sont également transparentes à la lumière visible, mais absorbent le rayonnement infrarouge. Par contre, elle n’explique qu’une partie du phénomène de « forçage radiatif », terme privilégié par les climatologues. Cette analogie est en effet problématique pour 2 points :

  1. Une vitre ne permet pas la circulation d’air entre l’intérieur et l’extérieur, contrairement aux gaz à effet de serre dans l’atmosphère (une partie de l’augmentation de température dans une serre vient du fait que simplement l’air ne peut pas circuler de l’intérieur vers l’extérieur)[1].
  2. Une vitre est une couche uniforme, qui ne varie pas en température dans son épaisseur (ou du moins de manière négligeable), contrairement à la couche d’atmosphère. En effet, pour expliquer l’augmentation du réchauffement plus la concentration en GES est grande, il faut tenir compte du fait que la température de l’atmosphère varie fortement selon l’altitude (et comme le rayonnement infrarouge est fonction de la température, cela a de l’importance suivant l’altitude d’absorption et de réémission).

Explication de la controverse : https://planet-terre.ens-lyon.fr/article/explication-effet-de-serre.xml

Explication très poussée mais intéressante dans une conférence de Jean-Louis Dufresne (Dir. de recherche au CNRS, ingénieur et climatologue) :

http://physique-chimie.ac-dijon.fr/IMG/mp4/effet_serre.mp4

Expliquer l’effet de serre dans nos animations

En résumé, l’analogie avec une serre est appropriée pour la partie transparence au rayonnement lumineux (lumière visible) et opacité aux infrarouges. Ensuite, tout dépend du niveau de complexité que l’on veut atteindre. Mais pour être exact en termes physiques, il faudrait dire que « c’est une représentation simplifiée » et que « dans la réalité c’est encore + compliqué que cela ».

Attention au vocabulaire : On a souvent tendance à dire que la vitre (ou serre) réfléchit les rayons infrarouges (IR) émis par la surface de la Terre. Or, elle (ainsi que les gaz à effet de serre) les absorbe, puis en réémet une partie en direction de la surface et une autre partie en direction de l’atmosphère.

Selon nous, pour des élèves au niveau école obligatoire, à part éventuellement en option math-physique ou dans un cours de physique de plusieurs heures dédié à ce thème, aller plus loin dans l’explication scientifique au niveau de nos animations est trop complexe. Il faudrait entrer dans des détails, notamment des longueurs d’onde de rayonnement, etc. Par contre, on peut insister sur quelques points :

  • L’atmosphère, contrairement à la vitre, n’est pas étanche. Elle permet donc des échanges d’air.
  • L’atmosphère est plus épaisse qu’une simple vitre.
  • Les gaz à effet de serre n’agissent pas comme un miroir sur le rayonnement IR, ils l’absorbent, puis le réémettent vers le bas et vers le haut.

Explication intéressante avec ces différents niveaux de complexité :

https://jancovici.com/changement-climatique/aspects-physiques/quest-ce-que-leffet-de-serre/

 

Quelques remarques – des sujets qui interviennent souvent dans les animations sur ce thème

« Le réchauffement climatique c’est à cause du trou dans la couche d’ozone. »

Les deux phénomènes sont dus à l’activité humaine mais sont bien distincts. La fameuse « couche d’ozone » se trouve dans la haute atmosphère (on parle d’ozone stratosphérique) et elle nous protège des rayons UV solaires. Elle se fait détruire par moments et par endroits, principalement par les CFC (chlorofluorocarbones, issus de l’activité humaine (réfrigérants, et propulseurs d’aérosols) mais interdits dans les pays industrialisés depuis la fin des années 80). Moins cette couche nous protège, plus les rayons UV peuvent atteindre la surface et présenter des dangers pour la santé (peau, cancers).

L’augmentation des émissions de gaz à effet de serre n’a donc pas d’effet direct sur l’augmentation du trou dans la couche d’ozone.

« Pourquoi on ne parle que du CO2, alors que ce n’est pas le seul gaz à effet de serre ? »

Les principaux gaz à effet de serre sont la vapeur d’eau, le CO2, le CH4, le N2O, les halocarbures lourds, l’O3 (hé oui, l’ozone présent dans la basse atmosphère (ozone troposphérique) est également un gaz à effet de serre). Si la vapeur d’eau est celui qui est le plus grand responsable de l’effet de serre total, son origine est majoritairement naturelle. Or le CO2 est le principal, en quantité, produit par l’activité humaine. C’est pour cela que c’est celui dont on parle le +, qui est même pris comme base pour les unités de mesure des GES (équivalent CO2).

 « Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique en Suisse ? »

Il est vrai que l’on parle beaucoup de conséquences au niveau planétaire (fonte des calottes glaciaires, augmentation du niveau des océans, augmentation de la fréquence et de l’intensité des ouragans et autres événements météo extrêmes), mais il est intéressant de comprendre ce qu’il se passe en Suisse. La figure ci-dessous recense ce qui a été observé depuis 1864 en Suisse.

Changements significatifs du climat suisse, basés sur des données d’observations. [source : www.meteosuisse.ch]

Ces éléments ont pour corollaires également : problèmes d’îlots de chaleur, principalement en milieu urbain, disparition d’espèces endémiques, migration d’espèces plus « tropicales » vers la Suisse, augmentation de l’instabilité du terrain en zones de pergélisol, augmentation de la fréquence et de l’intensité des épisodes climatiques extrêmes, etc.

Remerciements à Martin pour ses relectures et ses images.

Comment réagir face aux propos climato-sceptiques ? > Petit exercice pratique

Dans le courrier des lecteurs du 24heures du 10 mars 2020, les propos d’un certain André Bovay-Rohr, Physicien à Colombier, a retenu toute mon attention. Répondant à un autre courrier de lecteur, il y réfute l’influence du CO2 sur le réchauffement climatique et souhaite la disparition des traités et des COP qui préconisent la diminution de notre production de gaz à effet de serre. Pour ce faire, il se base sur les travaux d’un certain Professeur Franz-Karl Reinhart. (si le texte de l’article ne s’affiche-pas, rendez-vous sur le blog info-énergie).

Notre première réaction pourrait être de balayer de la main ce genre d’affirmation qui va à l’encontre du consensus scientifique actuel.

L’on pourrait aussi réfuter de façon scientifique et étayée ces théories comme le fait par exemple ici l’enseignant et ingénieur EPF Jean-Claude Keller : http://www.conferences-climat-energie.ch/ConferencesClimatEnergie/ClimatoRealistes_files/CritiqueArticleReinhart-1.pdf

Fichier : CritiqueArticleReinhart-1

Mais comme nous ne sommes pas des scientifiques spécialisés dans le domaine du climat, il nous est difficile d’entrer valablement dans ce type d’argumentation.

Une autre attitude consiste à rechercher des éléments factuels nous permettant de nous distancier de ce type d’argumentation. Une petite enquête sur le World Wide Web peut nous y aider.

Qui est ce professeur Franz-Karl Reinhart ?

Son profil sur le site Internet de l’EPFL nous indique qu’il s’agit d’un ingénieur à la retraite de plus 85 ans spécialisé en électronique et qui s’est consacré plus particulièrement à « modulation électro-optique dans les guides d’onde à jonction p-n, aux lasers semiconducteurs à injection et à l’optique intégrée monolithique » et a enseigné dans le domaine de l’optique et de la physique du solide.

Si c’est bien un scientifique, force est de constater que son champ d’étude est très éloigné des questions climatiques. De plus son article a été écrit en 2014, alors que le professeur Reinhart était de longue date à la retraite.

C’est ici qu’intervient le prestige du titre de professeur dans une haute école qui permet de donner crédit à des théories élaborées finalement par des non spécialistes.

On retrouve la même technique lorsque des mouvements climato-sceptiques citent une pétition de 500 scientifiques qui s’opposeraient à l’urgence climatique. Outre le fait que cette lettre ouverte a été élaborée par un ancien ingénieur de Royal Dutch Shell, le titre d’ingénieur n’est de loin pas suffisant pour avoir un avis étayé en la matière. Une analyse des signataires est d’ailleurs édifiante puisqu’elle ne contient pas de climatologues, comme le relève Richard-Emmanuel Eastes dans un blog du Temps :

https://blogs.letemps.ch/richard-emmanuel-eastes/2019/09/26/des-scientifiques-contre-lurgence-climatique/.

Fichier : Des “scientifiques” contre l’urgence climatique – Savoirs en société

On pourrait rétorquer que « notre » prix Nobel Dubochet milite de son côté pour répondre à l’urgence climatique alors que ses recherches n’avaient pas de lien avec le climat. Mais il le fait en tant que citoyen et se base sur les travaux de ses confrères du domaine qui, de façon quasi unanime, alertent sur les causes anthropiques du changement climatique.

Il faut ici souligner que dans le domaine des sciences, qu’elles soient dures ou humaines, les chercheurs se reposent sur les études d’autres scientifiques pour progresser dans leurs recherches. Mais cela implique que ces études aient été publiées dans des revues scientifiques reconnues et validées scientifiquement en passant par les fourches caudines de comités de lecture composés de sommités du domaine (pairs).

Il est à noter que les théories de Franz-Karl Reinhart n’ont pas été publiées dans une revue scientifique de renom comme le relève Jean-Claude Keller dans son analyse. Cette absence de publication dans une revue scientifique est un indice de plus qui devrait nous mettre sur nos gardes. Une petite recherche de son article « Infrared absorption of atmospheric carbon dioxide » permet de retrouver un pdf hébergé sur le blog d’un certain André Bovay-Rohr… http://www.entrelemanetjura.ch/BLOG_WP_351/wp-content/uploads/2017/01/2017.01-20-FKR-sur-CO2.pdf

C’est d’ailleurs ce qui était arrivé au GIEC dont les conclusions étaient remises en cause par des sommités scientifiques américaines dans des publications grand public, sans passer par la validation de revues scientifiques ; ce qui allait à l’encontre de tout ce que ces chercheurs avaient fait dans leur propre domaine. On s’est ensuite rendu compte qu’ils étaient financés par des entreprises en lien avec des énergies fossiles pour « vendre du doute » c’est-à-dire utiliser leur crédit de scientifiques pour proposer d’autres hypothèses et affaiblir ainsi l’influence du GIEC. Plusieurs d’entre eux avaient d’ailleurs auparavant relativisé l’influence du tabac sur le cancer « en échange » de financements provenant des cigarettiers.

https://www.rts.ch/play/radio/impatience/audio/les-marchands-de-doute?id=3781987

En cherchant sur Internet le nom de Franz-Karl Reinhart on retrouve un article élogieux sur le site lesobservateurs.ch, un site visiblement islamophobe et d’extrême droite. On y précise que Franz-Karl Reinhart s’oppose à la Stratégie énergétique 2050 de la confédération, qui serait irréaliste et mettrait en danger notre compétitivité internationale et impliquerait une perte de niveau de vie et de confort. Même si rien ne nous dit que Reinhart partage ce type d’idéologie, on voit bien que ses positions sont très bien accueillies par ces milieux extrémistes.

A noter que dans le cas de la liste des 500 scientifiques opposés à l’urgence climatique, des liens avec des mouvements d’extrême droite ont également pu être démontrés.

https://lesobservateurs.ch/2014/10/03/transition-energetique-professeur-epfl-franz-karl-reinhart-denonce-sens-va-mettre-en-danger-notre-competitivite-internationale-impliquer-perte-niveau-vie-confor/

Fichier : Transition énergétique 

Qui est André Bovay Rohr ?

Une petite recherche nous montre qu’André Bovay Rohr est très actif sur internet, en particulier pour ajouter des commentaires aux articles.

A la suite d’un article de 2018 publié dans Le Bulletin « Quel bilan pour le photovoltaïque », il ajoute un commentaire pour réfuter le potentiel du photovoltaïque et faire comprendre que sans le nucléaire, les Suisses devront se serrer la ceinture.

https://www.bulletin.ch/fr/news-detail/quel-bilan-pour-le-photovoltaique.html

Fichier : novotny

A la suite d’un article dans le Migros Magazine, « Déchets radioactifs : qui veut d’un site d’enfouissement près de chez lui » André Bovay Rohr sous-entend l’existence de solutions de retraitement des déchets et d’extraction de l’énergie restante. En guise de validation, il renvoie sur un blog sur lequel il semble être particulièrement actif…

La revue Vigousse, nous apprend non sans humour que ce même André Bovay-Rohr, physicien de son état, a envoyé le 28 décembre 2016 une lettre à tous les géologues cantonaux arguant que le réchauffement climatique serait dû au «  prélèvement massif d’énergie sur les courants aériens par de vastes champs d’éoliennes, à l’étranger et en Suisse à l’échelle industrielle ». On y apprend qu’il est « un adepte fervent de l’atome »

http://www.vigousse.ch/numeros/261/pdf/Vigousse_no261.pdf

Fichier Vigousse_no261

Finalement, dans un blog du temps « Débat » André Bovay-Rohr d’avril 2017, il fustige la nouvelle loi sur l’énergie « Le naufrage programmé de la nouvelle loi fédérale sur l’énergie ». Il y argumente l’impossibilité de remplacer le nucléaire sans importer massivement de l’énergie étrangère. Il y minimise le risque radioactif et prétend à nouveau que le moyen de détruire les déchets nucléaires est connu…

https://www.letemps.ch/opinions/naufrage-programme-nouvelle-loi-federale-lenergie

Fichier : Le naufrage programmé

Comment contrer les arguments des climato-sceptiques ?

On a vu, par un petit parcours sur le web, et en se basant sur des points factuels, qu’il est déjà possible de mettre en doute la crédibilité des propos de André-Bovay Rohr.

Pour autant, il est aussi utile de disposer d’information pour contrer l’argumentation des climato-sceptiques. Un article de Pascaline Minet dans le Temps « Manuel de résistance au climatoscepticisme » est une source utile que je vous conseille de consulter.

https://www.letemps.ch/sciences/manuel-resistance-climatoscepticisme

fichier   Manuel de résistance au climatoscepticisme – Le Temps

Dans ce cadre l’argument le plus couramment utilisé est que le climat a toujours évolué. La terre a ainsi connu « naturellement » des périodes beaucoup plus chaudes et froides dans le passé. Avant même d’expliquer pourquoi la situation actuelle est atypique (voir l’article de Pascaline Minet), on devrait se poser la simple question suivante : Comment des milliers de scientifiques de très haut niveau, spécialisés dans le domaine du climat et qui consacrent leur vie à l’étudier ne se sont pas rendu compte que le climat pouvait changer à travers les âges et ont proposé à la place une autre théorie ?

Le manuel de résistance au climatoscepticisme énumère aussi quelques profils typiques de climatosceptiques. Franz-Karl Reinhart et André Bovay Rohr correspondent bien à celui-ci :

Les vieux professeurs
A chaque fois que nous faisons paraître un article sur le climat, ils nous écrivent pour nous dire que nous avons tout faux. Ces personnes ont souvent un bagage scientifique, sans pour autant être des spécialistes du climat. Ils pensent que la communauté des climatologues dans son ensemble est incompétente et qu’eux-mêmes détiennent une information clé. Dans cette famille, parfois virulente, on a du temps libre et une vision naïve de ses propres capacités.

On peut aussi ajouter à ce profil que ces vieux professeurs ont été nourris dans leur jeunesse des espoirs extraordinaires que suscitait l’énergie nucléaire civile. De plus, ils ont assisté à un développement matériel et scientifique remarquable qui semblait quasi infini. Il est certainement difficile pour eux d’accepter aujourd’hui qu’une partie de ces rêves soient remis en question.

La grandeur de la science est sa faiblesse

Le doute est au cœur de la démarche scientifique. Toute théorie, même que l’on croit gravée dans le marbre, pourrait être, si cela est démontré scientifiquement, remise en doute. Au niveau du grand public, cette particularité est souvent exploitée par les climatosceptiques. Ainsi lors de débats publics ceux-ci vont invariablement demander au scientifique s’il est 100% certain de ce qu’il avance ; ce qu’il ne peut déontologiquement pas faire. Les climatoscpetiques vont alors utiliser cette position de « faiblesse » qui est consubstantielle aux sciences, pour insuffler le doute dans l’esprit du public. Il est à noter que les climatosceptiques sont généralement particulièrement convaincus de leurs propres théories. Ils semblent ne pas connaître le doute, sauf à l’instiller pour mettre en cause les théories adverses.

Remerciements à Laure pour ses propositions et conseils

 

Messieurs M. André Bovay et le Prof. Franz-Karl Reinhart ont souhaité répondre à ce post. Voici donc leurs commentaires (sans commentaires…) :

Réponse à l’article de M. Martin Reeve (trouvé dans Animinfo),
ci-après  » article MR », de titre:

§ Le Pr. Reinhart dans ses publications relève par calculs que le CO2 a sur l’atmosphère une influence beaucoup moins intense que dans la théorie en cours, selon le consensus décidé au GIEC: ce n’est donc pas le CO2 émis par l’humanité qui aurait la propriété de déclencher un réchauffement climatique global important; mais c’est aux climatologues à assimiler ce fait dans leurs modèles.

L’article MR ne dit pas, quand il le cite, que le thème évoqué par le Pr.Reinhart concerne des travaux en physique (qui avec les mathématiques sert de base à toutes les autres sciences) publiés en 2014 et présentés en anglais, soigneusement étayés, relus par des collègues compétents; l’article MR les catalogue de ce fait à tort en climato-scepticisme, suivant le mauvais exemple de notre Presse et des médias, qui en ont censuré la substance. La critique du Pr. Keller de ces travaux n’a pas résisté à l’examen: il n’a pas compris qu’il s’agissait d’une étude du plafond des propriétés physiques du CO2 et nullement d’un modèle en climatologie.

A propos des remarques concernant le mode de publication du Pr. Reinhart: les revues dites « à comité de lecture » sont une véritable
industrie privée, extrêmement coûteuse et capricieuse: elles refusent parfois arbitrairement et sans recours possible de publier – ce fut le cas ici; il leur arrive aussi de subir, dans une atmosphère de concurrence frénétique, parfois un Lancetgate.

L’article MR cite les travaux scientifiques évoqués sous des termes inappropriés, déplacés ou persiffleurs: « affirmation », « argumentation »,
« théories élaborées finalement par des non-spécialistes », « à l’encontre du consensus scientifique actuel ». La suite de l’article MR rapporte
– à propos du GIEC que d’autres chercheurs (sommités scientifiques américaines) semblablement perturbants par leurs remarques,
seraient des corrompus;
– que le site https://lesobservateurs.ch tenu par le Pr Windisch, ancien de l’Uni de Genève, (le Pr. Reinhart y ayant publié le 3.10.2014 à propos d’électricité en Suisse), serait islamophobe et d’extrême droite.

Un tissu de calomnies, sans rapport avec le sujet, suggérant un abus du titre de Professeur: M. Martin Reeve pour ses insinuations va devoir présenter des excuses et offrir des réparations au Pr. Reinhart et au Pr. Windisch.

  • M. Martin Reeve ignore largement le mode de fonctionnement de scientifiques ou d’ingénieurs; dans son article MR, il s’est lourdement trompé dans son exemple. En faisant plus de physique et de thermodynamique, il réaliserait que la disparition de données scientifiques fausses sur le CO2 mettrait fin à une foule de complications, de tracas et de taxes infondées qui nous menacent.

Il cesserait dès lors aussi de faire enseigner à la jeunesse des écoles vaudoises des données scientifiques dépassées – devenues fausses – sans devoir par ailleurs se préoccuper de l’opinion d’une très distinguée cohorte de scientifiques, dont les connaissances sur le CO2 ont besoin de mise à jour.

  • André Bovay-Rohr: n’étant pas professeur, je suis physicien de formation et informaticien système de profession, à la retraite depuis 1994, totalement indépendant; ma famille est propriétaire écolo d’une maison: on trouve 20 m2 de panneaux thermiques rentables sur son toit depuis 2005; d’autre part, je suis propriétaire et éditeur du blog « Toutes les énergies » depuis 2010 (de lien actuel
    http://www.entrelemanetjura.ch/BLOG_WP_351/). Il est peu plausible, discourtois et calomnieux, de prétendre, je cite: « On a vu, par un petit
    parcours sur le web, et en se basant sur des points factuels, qu’il est déjà possible de mettre en doute la crédibilité des propos de André-
    Bovay Rohr »; par principe, que ce soit dans mes articles, commentaires ou lettres, leur contenu a fait l’objet de travaux scientifiques ou de calculs, en général publiés dans mon blog; c’est l’auteur de ces affirmations, pour n’avoir pas lu ou pas compris mon blog, en lecture superficielle du web donc, qui se discrédite.

J’ai été très étonné de la publicité malveillante qui m’est faite dans l’article MR, dont je n’ai pas reçu copie lors de sa parution; me voir défini publiquement, selon des sources aussi peu fiables, est plutôt déroutant: par ex. Vigousse ou le « Manuel de résistance au climatoscepticisme » de Mme Pascaline Minet (celui-ci contient une erreur monumentale à propos de CO2 dans le passé lointain).

M.Martin Reeve pour ces offenses va donc devoir me présenter des excuses et m’offrir des réparations.

  • En ce qui concerne l’énergie nucléaire civile, les calculs de M.Pr.Reinhart, de M.Bovay-Rohr, et d’électriciens chevronnés, pour le futur de l’électricité en Suisse et en Europe, montrent l’impossibilité technique et industrielle de la remplacer par des énergies renouvelables (comme décrit dans la stratégie énergétique de la Confédération et ancré dans la législation): loin des rêves dont parle l’article MR, ces messieurs en ont averti par écrit les responsables de la Confédération.

L’impossibilité industrielle a son origine dans les conflits prévisibles entre demandes des divers usagers et réponses peu fiables des sources disponibles; pour amener à une efficacité insuffisante des processus considérés, il y a:

1) Les limites imposées par la physique et la technique (et ce sont des ordres de grandeurs des effets considérés!); par exemple le difficile
mariage entre forts besoins incompressibles d’énergies et leurs faibles sources chaotiques, peu stables, peu denses, souvent absentes aux
pires moments, comme l’eau du ciel, le vent ou le soleil.
2) Les aspect de coûts et d’emploi, ainsi que ceux de politique locale et internationale.
3) La protection de l’environnement contre les pollutions inhérentes aux constructions, à la production (qu’on pense aux fumées) et à
l’accumulation (qu’on pense aux barrages).
4) Les considérations de durabilité.
5) Les considérations de limites des ressources (par exemple en terres rares ou en métaux spéciaux).

Le monde officiel s’est dit un peu légèrement que les ingénieurspourraient franchir ces obstacles, alors que même à grande échelle ils s’avèrent en pratique et par calculs insurmontables. La punition pour avoir ignoré les mises en garde – outre le fardeau de dépenses pharaoniques déjà engagées – avec un peu de malchance risque de se manifester en hiver, dans les années qui viennent, sous formes de pannes totales du réseau électrique pour plusieurs jours, à l’échelle des pays européens; ce fut le cas en Australie du Sud dès le 28.9.2016: c’est très douloureux et ruineux, quand ça survient en 12 secondes; dommage d’exposer ainsi le pauvre peuple vaudois et suisse à des risques pareils. Nos élèves méritent d’en être informés, avant de se lancer dans quelques années dans l’acquisition de chauffages à pompes à chaleur ou de voitures électriques.

Pr. Franz-Karl Reinhart Lausanne, le 23 juin 2020
André Bovay-Rohr, Colombier, le 23 juin 2020

 

Nouvelle étiquette-énergie pour les voitures

Depuis le 1er janvier 2020, un nouveau mode de calcul de l’étiquette-énergie des voitures de tourisme a été introduit. Les modifications principales sont :

  • Passage de la procédure d’essai NCEC (nouveau cycle européen de conduite) à la procédure d’essai WLTP (Worldwide Harmonized Light-Duty Vehicles Test Procedures). Avec cette nouvelle méthode on obtient des résultats d’émission de CO2 plus élevés qu’auparavant. Pour tenir compte de cette différence de calcul la valeur cible de 95 g/km est augmentée de 21% et s’établit dorénavant à 115 g/km.
  • La prise en compte du poids du véhicule à vide pour l’attribution de la note (A à E) est supprimée. Auparavant une grande  partie du poids des véhicules était « décompté » dans le calcul pour que dans toutes les catégories on trouve des modèles A ou B. Le calcul de l’efficacité énergétique se fondera dès lors uniquement sur la consommation en litres par kilomètre et ne sera plus pondérée en fonction du poids du véhicule.
  • D’autres changements vont renforcer la visibilité de l’étiquette-énergie dans la publicité et les canaux de vente.

Infos sur le site de la Confédération

L’importance du poids du véhicule

Quel que soit l’énergie de propulsion, le poids du véhicule est prépondérant dans sa consommation. En effet, pour déplacer 1.6 personnes (moyenne des passagers en Suisse) nous utilisons des engins pesant en moyenne 1,5 tonnes! C’est donc bien le poids de la voiture à vide et non son chargement qui influe le plus sur sa consommation.

Du fait  notamment des normes de sécurité toujours plus sévères, le poids des voitures a augmenté de 60% depuis les années 60 (+300kg depuis 1990), ce qui va à l’encontre des objectifs environnementaux. Pourtant, une diminution d’environ 20% le poids des voitures (250kg) permettrait des baisses d’émissions d’environ 20 gr de CO2. (article du point (2013))

Fichier : Trois projets pour alléger de 20 % le poids des voitures _ Automobile.pdf

A l’heure des SUV, 4X4 et autres monstres de la route, on peut s’interroger sur la contradiction d’une industrie qui déploie de grands efforts pour proposer des propulsions alternatives tout en alourdissant constamment ces mêmes véhicules ce qui, annule en grande partie les progrès réalisés.

La suppression de la pondération par le poids des véhicules dans la nouvelle étiquette-énergie est donc une bonne nouvelle mais sera-t-elle suffisante pour inciter les utilisateurs à opter pour des véhicules plus légers et plus sobres ? Pour pousser les constructeurs à faire plus d’efforts en la matière, des limites de poids ne devraient-elles pas être imposées ? Une taxe incitative sur les voitures les plus lourdes ne devrait-elle pas être introduite pour pousser les consommateurs à modifier leurs choix?