Les prix de l’électricité prennent l’ascenseur

Comme annoncé dans les médias, les prix de l’électricité fournie par les grands distributeurs romands ont pris l’ascenseur. Le groupe-e annonce pour 2024 une augmentation moyenne de près de 30%, à Genève c’est 18%, dans les villes vaudoises 12% et à Yverdon 10%.

Une part de ces augmentations (5%) s’explique par l’instauration d’une taxe pour financer les réserves d’électricité décidées par la Confédération dans le but d’éviter les pénuries. Le reste est en grande partie lié à l’augmentation des prix suite à la guerre en Ukraine et au manque de production provenant de France (un grand nombre de centrales nucléaires ont été mises à l’arrêt pour révision).

Il pourrait sembler paradoxal que de telles annonces d’augmentations surviennent alors que les prix sur le marché de gros sont en baisse. Mais cela s’explique par le fait que l’électricité est en grande partie achetée à l’avance ce qui reporte en partie les effets de la crise (automne-hiver 22-23) sur les prix 2024.

Il est aussi à noter que notre facture d’électricité comprend des taxes diverses (utilisation du réseau, etc) qui peuvent représenter 50% de la facture d’un ménage et ne sont pas directement concernées par ces augmentations de prix. L’impact sur nos factures finales d’électricité sera donc moins élevé que les pourcentages annoncés.

 

L’effet du marché libre et de la dépendance vis-à-vis de l’étranger

Dans le cas d’un marché libre (ce qui n’est pas encore possible pour les particuliers en Suisse), les clients peuvent choisir leur fournisseur d’électricité en faisant jouer la concurrence. Cependant, ce système peut engendrer des variations de prix beaucoup plus fortes. En effet, dans un marché libre, les prix ne sont plus régulés par la Confédération. Des opérateurs, en jouant en continu sur l’offre et la demande, parviennent à proposer des prix plus bas. Mais comme ils achètent moins d’avance, lors de crises, ils sont obligés d’acquérir le courant au prix fort pour fournir leurs clients, ce qui peut faire « exploser » la facture.

L’exemple de la commune de St-Prex illustre cette situation. Celle-ci avait opté pour le marché libre pour une bonne part de son électricité (c’est déjà possible pour ceux qui consomment au moins 100’000 kWh/a ). En raison de la crise, la Commune a vu le prix de son électricité augmenter de 1600%. Ses coûts d’électricités sont ainsi passés de 70’000.- à 1,3 millions. Après avoir fait pression en alertant les médias et en portant plainte, la Commune a finalement réussi à trouver un accord avec son fournisseur, mais le prix du kilowattheure est quand même passé de 5 à plus de 30 centimes (6 fois plus).

Au Royaume-Uni, les consommateurs anglais peuvent déjà changer de fournisseur. Ils font leur choix en fonction des prix offerts par de nombreuses sociétés dont certaines ne font qu’acheter de l’électricité sur le marché sans jamais rien produire à l’instar d’un trader de la bourse. Un peu comme pour notre assurance maladie de base, les particuliers sont encouragés chaque année à changer de fournisseur pour opter pour le moins cher du moment. Mais ce système, qui devrait profiter aux consommateurs en faisant jouer la concurrence, est fragile. En effet, avec la forte augmentation du prix du gaz en 2021, 29 fournisseurs ont fait faillite et les fournisseurs restants se sont alors cantonnés à proposer des contrats à prix fixes très proche du prix maximum fixé par l’Etat.

Avec la crise, les prix de l’électricité des particuliers anglais ont quand même augmenté en moyenne de plus de 70% en octobre 2022. Cela s’explique en grande partie par le fait que la Grande-Bretagne produit près de 40% de son électricité avec du gaz ce qui la rend particulièrement dépendante. En conjonction avec l’augmentation du prix du gaz pour le chauffage, de nombreux foyers se sont retrouvés en situation de « précarité énergétique » entraînant des cas dramatiques (poursuites, coupures, privations, etc.). Pour limiter des crises futures, une des solutions envisagées est le développement massif des énergies renouvelables afin de diminuer la dépendance de la Grande-Bretagne aux énergies fossiles et disposer de moyens de productions locaux offrant une plus grande prévisibilité dans les prix; pour preuve, l’intention du gouvernement actuel d’alléger l’interdiction actuelle d’installer des éoliennes terrestres.

 

Un accélérateur de la transition énergétique ?

Il faut espérer que, mis à part l’impact social (précarité, pouvoir d’achat, etc.), ces augmentations de prix permettront d’accélérer les mesures d’économies d’énergie et le recours aux énergies renouvelables. Le municipal de St-Prex n’affirme-t-il pas « On a encore jusqu’à mi-décembre pour négocier. Des mesures vont également être prises par la commune, comme l’installation express de panneaux solaires« …

 

Quelques références en pdf :

Quelques informations et conseils en cette rentrée très spéciale

Cette rentrée scolaire est très particulière pour nous car la question de l’énergie est sur toutes les lèvres et les médias débordent d’informations à ce sujet.

Les enseignant.e.s, les enfants et les jeunes sont tout naturellement aussi confrontés à cette actualité et il s’agit d’être en mesure de répondre à leurs questions de façon étayée, sans dramatisation et, si possible, rebondir sur cette actualité pour promouvoir l’utilisation rationnelle de l’énergie et le développement des énergies renouvelables.

 

Ne pas dramatiser la situation

Au même titre que le réchauffement climatique qui peut créer anxiété (éco anxiété), sentiment d’impuissance et replis sur soi, les perspectives de pénuries énergétiques peuvent aussi avoir un effet paralysant voire angoissant sur la population et particulièrement les enfants.

Si ceux‐ci expriment de l’anxiété, il s’agit de prendre le temps de les écouter et de leur transmettre des arguments réalistes mais positifs, comme par exemple:

  • personne n’est certain que l’on fera face à une grave pénurie. Cela dépendra, par exemple, de la rigueur de l’hiver ou de la capacité de la population à limiter volontairement sa consommation.
  • cette crise est annoncée, elle ne va pas nous surprendre. Les autorités ont pu se préparer depuis des mois à toutes les hypothèses.
  • pour faire face à cette crise, les autorités agiront d’abord sur les entreprises et les aménagements publics avant les ménages.
  • ces inquiétudes et ces réflexions sont peut‐être aussi une chance car elles nous rappellent l’importance de l’énergie et la nécessité de ne pas la gaspiller ainsi que développer des énergies plus propres et locales.
  • Même si personne ne souhaite une crise énergétique, apprendre à vivre avec moins sera peut‐être aussi formateur et riche d’enseignements.

 

 Pouvoir expliquer simplement les raisons de la crise actuelle.

Bien que le thème soit présent tous les jours dans l’actualité, les raisons principales de la crise énergétique ne sont pas forcément claires pour tous.

Pour ce qui est du chauffage, en particulier du gaz naturel, les choses sont assez « simples ». Le conflit armé entre la Russie et l’Ukraine entrave l’alimentation de l’Europe en gaz Russe (il représente 43% du gaz que nous consommons en Suisse).

  • Un des gazoducs principaux qui alimentent l’Europe passe par l’Ukraine.
  • La Russie subit des sanctions et par mesure de rétorsion bloque ses livraisons de gaz à l’Europe.
  • La Suisse est politiquement assez isolée en Europe et il lui est difficile de faire jouer à plein la solidarité avec les autres Etats européens.

Pour ce qui est de l’électricité, les raison sont diverses et pas seulement liées à la crise ukrainienne.

  • Tous les pays d’Europe sont interconnectés et s’échangent leur électricité. Si de l’électricité manque dans un pays, celui‐ci va solliciter son voisin qui à son tour va répercuter cette demande vers d’autres pays voisins et ainsi de suite. Un arrêt de production d’électricité, même éloigné de la Suisse, peut ainsi, au final, nous impacter.
  • Comme une partie de l’électricité en Europe est produite avec du gaz naturel, la production de ces centrales thermiques va manquer au réseau européen.
  • Parallèlement à ce problème lié au conflit Ukrainien, 50% des réacteurs nucléaires français (28 sur 56) sont à l’arrêt notamment pour des questions de sécurité. Certaines centrales pourront redémarrer, mais d’autres verront peut-être leur arrêt prolongé si les problèmes de sécurité ne sont pas résolus.
  • Face à la crise du gaz, certains acteurs pourraient être tentés de se retourner vers l’électricité ce qui ne fera que renforcer la pénurie de courant (chauffage, processus industriel, etc.).
  • On peut aussi citer les centrales nucléaires ukrainiennes qui sont au coeur du conflit et qui seront peut‐être débranchées du réseau (l’Ukraine aura peut‐être ainsi besoin que l’Europe lui fournisse de l’électricité supplémentaire alors que celle‐ci va justement en manquer).
  • A nouveau, la Suisse est assez isolée en Europe. Elle n’est pas parvenue à signer un accord cadre, condition pour un accord dans le domaine de l’électricité. La capacité de stockage de ses barrages est un argument, mais de manière générale chaque Etat risque d’abord se préoccuper de sa population avant de faire preuve de « générosité ».

Le pétrole quant à lui, dispose de possibilités d’acheminement plus diversifiées que le gaz et l’électricité. Ces dernières sont des énergies de réseau (lignes électriques ou gazoduc), leur voies de transport sont donc plus limitées ce qui fragilise leur approvisionnement. Même si la Russie est un grand producteur de pétrole, la pénurie ne semble pas à l’ordre du jour ce d’autant plus que la crise actuelle pèse sur les économies. La croissance de la Chine étant ralentie sa consommation de pétrole est aussi à la baisse.

 

Connaître la différence entre Blackout et pénurie d’électricité

  • Un black‐out correspond à un arrêt de livraison d’électricité alors qu’il n’en manque pas forcément. Cela peut être dû à une panne, une ligne coupée par exemple.
  • Une pénurie, quant à elle, est un manque d’électricité par rapport à la demande.

En cas de risque de pénurie, et pour éviter que des secteurs entiers ne s’arrêtent de fonctionner, l’Etat pourra décider d’arrêter préventivement les consommations de certains secteurs jugés non essentiels. Ce sont d’abord des entreprises et des services publics qui seront impactés. Les foyers ne seront concernés qu’en dernier ressort.

Ref : https://www.swissgrid.ch/fr/home/newsroom/blog/2022/penurie-delectricite-vs-black-out.html

 

Comprendre l’influence majeure du prix des énergies sur l’économie

 Cette situation de grande incertitude influe fortement sur les prix des énergies :

  • Fin août, le prix du gaz naturel européen s’est envolé et a atteint 342,05 euros (329,64 francs) le MWh alors qu’il y a un an il était de 27 euros.
  • A la même période, le prix de l’électricité pour livraison début 2023, culminant vendredi à 950 euros le MWh en Allemagne et à 1300 euros en France. Il y a un an, les prix dans ces deux pays étaient seulement d’environ 85 euros par MWh.
  • Il est important de préciser que le mécanisme de fixation du prix de l’électricité de gros est fixé par rapport au mode de production le plus cher. Avec l’envolée du prix du gaz, c’est le coût des centrales électriques à gaz qui est pris en compte, ce qui fait exploser mécaniquement le prix de l’électricité. En d’autres termes, le prix de l’électricité est fortement influencé par celui du gaz pour des raisons réglementaires.
  • Du côté du pétrole, après une flambée, son prix est un peu redescendu. Il se situe autour des 100$ le baril, soit proche du prix qu’il était avant l’invasion de l’Ukraine. L’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) vient même de décider de diminuer sa production pour éviter que les prix baissent trop. Le prix du pétrole risque donc de rester élevé mais ne devrait pas subir les mêmes augmentations que le gaz ou de l’électricité.

Il est évident qu’un prix très élevé des énergies influe sur la marche des entreprises, alimente l’inflation, ce qui a pour conséquence une augmentation des prix de beaucoup de biens et services.

Contrairement aux conséquences du réchauffement climatique qui sont perçues généralement comme assez indirectes ou éloignées, l’augmentation du prix des énergies touche donc directement la population en affectant immédiatement le pouvoir d’achat. Cette situation peut être explosive au niveau social, en particulier pour les ménages les plus modestes. Si l’on considère que pouvoir se chauffer et disposer d’électricité sont des biens essentiels, que se passera-t-il si certaines personnes ne peuvent plus le faire faute de moyens ?

L’influence du prix des énergies sur les comportements individuels est donc très forte. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’application de taxes pour renchérir artificiellement le coût des énergies a souvent été prônée pour inciter les utilisateurs à moins gaspiller. Mais, comme la crise de gilets jaunes en France le prouve, cela pleut occasionner des oppositions virulentes voire des révoltes. Le refus de la nouvelle loi suisse sur le CO2 qui prévoyait d’en augmenter la taxe en est une autre illustration. Alors qu’une légère augmentation de prix du carburant des voitures a suscité une levée de boucliers en France, qu’en sera-t-il de l’explosion actuelle des prix ?

Comme les origines de l’augmentation sont extérieures à la Suisse, la population sera probablement plus encline à participer à l’effort collectif pour traverser cette période difficile que de se révolter. Mais des reproches envers les autorités seront inévitables.

 

La peur de la pénurie encourage le « retour en arrière »

L’urgence d’une crise énergétique à court terme repousse la lutte contre le réchauffement climatique et le développement durable à plus tard. Ainsi, certains pays relancent leurs centrales thermiques polluantes ou retardent leurs fermetures.

L’Allemagne prévoit d’augmenter momentanément le recours à ses centrales au charbon alors que l’objectif était leur disparition d’ici 2030. En Angleterre, la nouvelle première ministre anglaise, Liz Truss serait prête à accorder 130 nouvelles autorisations de forages pétroliers en mer du Nord.

Certains milieux profitent de la crainte d’un black-out pour relancer l’énergie nucléaire en Suisse alors que la population avait choisi d’en sortir récemment et que la guerre en Ukraine nous démontre la fragilité de ces installations qui deviennent des cibles de guerre avec tous les risques que cela comporte. Aussi, le premier ministre anglais Boris Johnson, s’est dépêché avant de quitter le pouvoir, de signer un contrat pour la construction d’une nouvelle centrale nucléaire.

Face au risque de pénurie de gaz, l’Europe a accepté que les Etats-Unis lui livre du gaz. Celui-ci sera certainement en grande partie du gaz de schiste provenant d’une technologie de forage à laquelle la plupart des pays européens sont opposés. Avec la crise, certains pays s’interrogent à nouveau sur l’opportunité de relancer ce type de forage afin d’assurer leur indépendance énergétique.

Face au risque de pénurie, il y a de manière générale une tentation naturelle au repli et à l’individualisme que ce soit au niveau des états ou dans la population. Par exemple, le média 20minutes a demandé aux lecteurs qu’elles seraient les mesures d’économie à prendre. Le premier choix a été d’éteindre les éclairages dans les villes (pas chez eux), le second de ne pas charger les voitures électriques (jalousie envers les riches possesseurs de Tesla, refus du changement ?)…Bref, ce sont les autres qui devraient d’abord se sacrifier.  Il semble aussi que les achats de petits chauffages d’appoints électriques ou de générateurs à essence sont en hausse. Les autorités craignent ainsi à juste titre que des réflexes individualistes ne viennent annihiler les efforts du reste de la population (baisse du chauffage, économies d’électricité, etc.) et aggravent la crise.

 

Saurons-nous retirer quelque chose de positif de cette crise ?

Nous vivons un moment particulièrement paradoxal. Alors que l’on a souvent eu un peu l’impression de prêcher dans le désert en incitant le public à moins gaspiller l’énergie et que les médias semblaient souvent lassés d’en parler, ils regorgent actuellement de conseils et de propositions d’éco-gestes. Ce qui, il y a quelques mois était souvent considéré comme du rabâchage inutile et peu efficace, retrouve soudain de l’intérêt. On redécouvre les vertus des petits gestes individuels qui additionnés peuvent représenter des économies considérables et l’importance de l’Etat pour faire face à ces défis.

Au premier abord, on pourrait donc considérer que cette crise sera salutaire. Elle aura le mérite d’exposer crûment notre dépendance aux énergies fossiles et la fragilité de notre système d’approvisionnement. Grâce à elle, des mesures de bon sens sont déjà prises comme, par exemple, la fermeture des portes de certains magasins qui étaient laissées ouvertes auparavant. Des gestes simples sont rappelés, chacun réfléchit à ce qu’une température de chauffage adéquate signifie, et l’intérêt pour des énergies renouvelables et locales est renforcé ce qui pourrait en dynamiser le développement.

Mais d’un autre côté, on constate que la crise aura accéléré des projets de forages d’énergies fossiles. Des mesures essentielles de lutte contre le réchauffement climatique, comme l’arrêt de centrales au charbon, sont repoussées. La peur de manquer d’énergie est aussi exploitée pour réhabiliter des technologies dont les désavantages et les risques restent importants.

Il est malheureusement possible que, passé la crise, nous retournions avec soulagement à la « situation normale » en remontant nos chauffages et en abandonnant une grande partie des actions d’économies qui auraient pu être maintenues.

Dans tous les cas, il est de notre responsabilité de rappeler, à notre humble niveau,  que ce moment si particulier pourrait constituer un déclic, une occasion unique pour accélérer la transition énergétique car l’urgence climatique, elle, n’attend pas.

L’hydraulique suisse n’a pas dit son dernier mot

Avec la décision de l’abandon du nucléaire et le passage progressif à la mobilité électrique, les besoins en électricité d’origine renouvelable ne feront qu’augmenter en Suisse.

Dans ce cadre, la Confédération a annoncé en décembre 2021 que 15 nouveaux projets hydro-électriques pourraient être lancés ces prochaines années. Cette annonce est le résultat d’une table ronde réunissant Confédération, cantons, associations écologistes et producteurs d’électricité. Ces nouveaux projets hydro-électriques pourraient permettre une production supplémentaire de  2 TWh d’électricité renouvelable. Ceci est réjouissant, car il était souvent dit que la Suisse avait quasi atteint le maximum possible en matière d’électricité hydraulique si l’on tenait compte des contraintes écologiques.

Il s’agit néanmoins de nuancer cette annonce en rappelant que les centrales nucléaires que l’on souhaite remplacer fournissent chaque année environ 19 TWh (2021) d’électricité… Ce surplus ne permettrait ainsi de combler qu’environ 10% de la production nucléaire. De plus, cet accord ne signifie pas forcément qu’il n’y aura pas d’oppositions à ces 15 projets.

Mais au-delà de ces chiffres, il faut aussi noter l’importance de l’électricité hydraulique en tant que « enabler » des autres énergies renouvelables. Comme l’explique un article du magazine « énergies renouvelables » ce terme anglais signifie que l’énergie hydraulique devient une condition nécessaire à l’efficacité des énergies éoliennes et solaires. En effet, les capacités de stockage de l’énergie hydraulique permettent de mettre en réserve les productions intermittentes comme le vent et le solaire pour les délivrer en adéquation avec les besoins.

Cette fonction de stockage devient ainsi toujours plus importante et les procédures et technologies actuelles doivent s’adapter afin d’être beaucoup plus flexibles comme l’expose le magazine « énergies renouvelables ». Ainsi, les turbines hydrauliques vont devoir tourner à des vitesses très différentes pour se caler « en continu » sur les besoins. Ceci va influer sur les rendements de celles-ci car elles ont été conçues pour fonctionner avec un débit d’eau optimum. A d’autres débits on constate, par exemple, l’apparition de tourbillons instables. Des programmes de recherche sont ainsi lancés pour améliorer la flexibilité tout en limitant les pertes de rendement et l’usure des installations suite à une sur-sollicitation. Par exemple, il est envisagé d’utiliser des batteries électriques tampons pour laisser le temps à la turbine d’atteindre « tranquillement » sa vitesse de production ou re-pomper directement une partie de l’eau dans le barrage pour éviter de faire varier la vitesse de la turbine [court-circuit hydraulique]). Dans le même article,  Klaus Jorde de l’Office Fédéral de l’Energie pense que si des solutions techniques seront certainement trouvées, il s’agit maintenant de proposer des mécanismes financiers qui incitent les exploitants à investir dans le domaine la flexibilisation de la production.

On pourrait imaginer que les nombreuses difficultés à faire passer les projets de parcs éoliens pourraient réorienter certains investissements vers l’énergie hydraulique. Mais l’hydraulique rencontre aussi les mêmes blocages comme l’illustre le projet de rehaussement du barrage du Grimsel prévu il y a 20 ans et toujours bloqué devant les tribunaux… A ce sujet, la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a proposé avec le Conseil Fédéral en février de cette année que chaque projet de centrale hydroélectrique ou éolienne ne puisse être contesté qu’une seule fois et qu’un permis de construire ne soit plus exigé pour poser des panneaux solaires en façade.

Tout ceci démontre qu’il s’agit de trouver un équilibre entre la protection de l’environnement local, l’autonomie énergétique et les enjeux environnementaux globaux.

Lancement de la construction du parc éolien de Sainte-Croix

Le projet de 6 éoliennes au-dessus de Ste-Croix peut enfin démarrer !  Comme l’indique 20minutes, la construction est possible par la levée des dernières oppositions; un processus qui a pris 15 ans ! Les éoliennes produiront l’équivalent de la consommation de la Commune de Ste-Croix.

On peut s’interroger sur la lenteur de réalisation de telles infrastructures face à l’urgence climatique. Mais notre système démocratique est aussi précieux. Ces premiers projets de parc éoliens auront aussi eu le mérite d’établir une jurisprudence qui permettra certainement aux tribunaux de se déterminer plus rapidement à l’avenir.

Pour le clin d’oeil, j’ai retrouvé le dépliant A4 que j’avais réalisé pour le Canton et informant la population sur l’étude de faisabilité en cours.
Elle date de 1998, soit il y a 23 ans !

Pour rappel, le canton de Vaud dispose d’un potentiel d’énergie éolienne qui permettrait de produire de 12 à 25% de la consommation d’électricité du Canton.

Energies « vertes » : toutes les vérités sont bonnes à dire, mais alors toutes !

Le questionnement d’une enseignante et de ses collègues et élèves sur le documentaire « la face cachée des énergies vertes » vu il y a quelques temps à la TV nous donne l’occasion de vous faire part de notre réflexion sur cette thématique controversée. A une époque où l’éducation aux médias est un enjeu majeur, ce film nous rappelle combien il est important de remettre les propos d’un auteur dans leur contexte, de questionner les sources, et de prendre du recul par rapport au message délivré.

Il est vrai qu’au visionnement de ce reportage, on pourrait être tenté de remettre en question nos certitudes sur les énergies renouvelables. En effet, l’enquête se targue de faire la lumière sur leur « face cachée passée sous silence tant les enjeux industriels et politiques sont considérables ». En pointant les métaux rares nécessaires, la pollution des environs des sites d’extractions ou encore le problème du recyclage des installations, ce film de G. Pitron et J.-L. Pérez dresse un bilan catastrophique de la direction qu’est en train de prendre la transition énergétique articulée par les politiques de nos pays « industrialisés ».

C’est justement le ton particulièrement négatif utilisé dans ce reportage, uniquement à charge, comme le soulève C. Pacary, dans sa critique publiée dans « Le Monde », qui dérange. En effet, le film pointe seulement les problèmes posés par l’utilisation des technologies solaires et éolienne, ainsi que l’électrification de notre mobilité. Or, on ne nous apprend rien en montrant que les énergies renouvelables ont des défauts. Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls, si on mentionne encore leur intermittence, ou les difficultés de stockage, par exemple. Pourtant si on avait trouvé une source d’énergie sans défaut, on n’aurait pas de problème avec notre utilisation d’énergie. Malheureusement une telle source n’a pas encore été découverte. Et n’existe peut-être pas…

Il aurait dès lors été plus constructif de mieux mettre en balance ces problèmes avec les avantages des énergies renouvelables ou encore les défis également monumentaux que pose l’utilisation des énergies non-renouvelables actuellement. Citons par exemple la pollution induite par l’extraction des hydrocarbures non-conventionnels, auxquels nous devrons avoir de plus en plus recours (ex : gaz de schiste). Rappelons également qu’avec les énergies renouvelables, la pollution concerne surtout la partie « transformation », donc les installations de transformation d’énergie primaire en électricité. Or, une fois que toutes ces « centrales électriques » seront installées, la production d’électricité renouvelable aura relativement peu d’impacts. En revanche, avec les énergies non-renouvelables, en plus des impacts liés aux installations de transformation, la pollution provient principalement de la ressource et est donc sans fin.

Image tirée du film La face cachée des énergies vertes

De plus, certaines méthodes du reportage nous semblent discutables comme celle de présenter une situation d’échec très spécifique pour invalider une technologie. Ainsi, un champ d’éoliennes démantelées et laissées sur place est présenté. On comprend bien que si ce chantier avait été géré correctement, cette situation ne se serait produite. Dans le même ordre d’idée, il est arrivé que toute une flotte d’un modèle de voiture soit rappelée à l’usine en raison d’accidents imputés une erreur de conception sans que cela remette en cause toute la filière automobile. A l’exception du nucléaire, dont les conséquences d’un accident sont incalculables, un cas de mauvaise mise en place ne devrait pas être utilisé pour invalider l’ensemble d’une technologie.

Le problème du message laissé par ce reportage est que si l’on s’arrête à pointer du doigt les énergies renouvelables sans rappeler celui des économies d’énergie et de la sobriété en général, cela revient à se convaincre de ne rien changer à notre société ou nos habitudes. Rappelons que c’est exactement le genre d’arguments qu’affectionnent pro-énergies fossiles, pro-nucléaires voire certains climato-sceptiques. Interrogés par des journalistes et internautes (ici et ici), les auteurs ont eu l’occasion de répondre que leur intention était juste d’informer et alarmer mais qu’au fond leur avis est bien sûr en faveur des énergies renouvelables et de la sobriété énergétique. Cependant, c’est leur reportage diffusé en heure de grande écoute qui a fait beaucoup de bruit, dans lequel ces prises de position restent, à notre sens, trop discrètes.

Sur cette thématique complexe, il est d’autant plus important de sensibiliser les élèves et le public en général à garder un regard critique face à l’information. Or, dans ce domaine en constant progrès, les chiffres changent très vite et on se retrouve souvent face à 2 affirmations totalement contradictoires. Ex : un rapport de l’ADEME de 2012 cité dans le reportage dont les conclusions seraient que les impacts environnementaux d’un véhicule électrique sont aussi importants que ceux d’un véhicule thermique. Or, une étude du PSI de 2020 (citée par Marc Müller[1] dans cette vidéo qui analyse le reportage) affirme que dans la grande majorité des cas, les impacts sont moindres pour l’électrique que pour le thermique. Ce qui était sûrement vrai il y a seulement 10 ans peut être dépassé aujourd’hui.

Au passage, rappelons que la transparence des sources utilisées est souvent un gage de crédibilité. Citons à ce propos le calculateur développé par le PSI en parallèle à l’étude précitée, qui permet de visualiser les impacts environnementaux (émissions de CO2, mais aussi d’autres indicateurs) de véhicules électriques, à hydrogène et moteurs thermiques avec différents carburants.

Pour terminer, ce reportage a le mérite de nous rappeler et illustrer quelques côtés négatifs des énergies renouvelables peu souvent cités, il est vrai. Dès lors, à nous de poursuivre la réflexion intelligemment pour aller vers une transition énergétique rationnelle. Citons deux pistes particulièrement sensées :

  • chaque filière énergétique mérite une réflexion globale, dans une perspective circulaire, afin de prendre en compte tout le « cycle de vie ».
  • les objectifs ne doivent pas être perdus de vue et fondus dans les défis technologiques. Sinon on se retrouvera avec des productions d’électricité 100% renouvelables mais une consommation colossale ou encore des voitures de plus en plus électriques, mais beaucoup trop lourdes, trop nombreuses, trop souvent utilisées et « mal » fréquentées.

Voilà encore quelques points à retenir pour les animations :

  • Garder les termes scientifiques et un ton neutre :
    • Renouvelables au lieu de propres ou vertes.
    • Pollue peu, moins, plutôt que ne pollue pas.
  • Veiller à l’exactitude des termes :
    • Renouvelable = solaire, éolien, mais aussi hydraulique et biomasse et géothermie
  • Se souvenir qu’il n’existe pas (ou n’a pas encore été découverte) une source d’énergie à zéro impact. C’est pourquoi dans le message que l’on laisse aux élèves, l’utilisation rationnelle de l’énergie et la sobriété sont primordiales.

 

Merci à Martin Reeve pour sa relecture et ses conseils avisés et à Aline Clerc pour ses inputs.

 

[1] Auteur du film « A contresens », une enquête sur l’information autour de la voiture électrique.

Arrêt définitif de la centrale nucléaire de Mühleberg avant Noël

Le 20 décembre 2019, la centrale nucléaire de Mühleberg sera mise hors service.

Elle couvrait près de 5% des besoins suisses totaux en électricité.

Il restera en Suisse 3 centrales nucléaires et 4 réacteurs soit :

  • Beznau I et II
  • Gösgen
  • Leibstadt

Après 47 ans de fonctionnement, les exploitants ont décidé d’arrêter de l’exploiter pour des raisons économiques.

En effet, étant donné sa vétusté, les travaux nécessaires au maintien de sa sécurité ont été jugés trop coûteux.

Il s’agit de la première centrale suisse à être démantelée et les coûts de démantèlement sont estimés par l’exploitant à 927 millions de francs et à 1,43 millards pour la gestion des déchets (200’000 tonnes dont moins de 10% sont radioactifs).

Il est difficile de savoir si ces coûts sont réalistes, car si près de 100 réacteurs ont été arrêtés définitivement dans le monde très peu ont été démentelés ou sont en cours de démantèlement.

Ce qui est certain c’est que la désaffectation sera un processus très long (~15-20 ans) .

Pour ce qui est des autres centrales suisses, aucune date de fin d’exploitation n’a été fixée.

A noter que la Suisse dispose avec Beznau I de la plus ancienne centrale nucléaire en fonctionnement du monde !

Brochure sur le démentèlement publiée par l’exploitant (BKW)

Article 24heures arret_muhleberg_24hs

L’électricité hydraulique a-t-elle un avenir ?

Ces dernières années les grandes entreprises productrices d’électricité suisses (Alpiq, Axpo) ont annoncé de très gros déficits. Cela s’explique principalement par le fait que l’électricité hydraulique est de moins en moins rentable face à une surcapacité de production en Europe résultant en partie du développement des nouvelles énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque), massivement subventionnés. Dans le passé, il était toujours rentable de turbiner l’eau des barrages aux heures de pointes en vendant l’électricité très chère à l’étranger. Aujourd’hui, il suffit que du vent et/ou du soleil soient présents à ces heures pour que l’électricité soit rachetée très bon marché car abondante.
En crise, les barrages suisses s’infligent une cure d’austérité – Le Temps

Cette situation a mené l’entreprise Alpiq à annoncer qu’elle était prête à vendre certains de ses barrages…
Alpiq veut céder la moitié de ses barrages – Le Temps

Dans le même temps, les redevances versées aux cantons sur le territoire desquels se situent les barrages sont en rediscutions. Les propriétaires de barrages, sur la base de la situation très difficile du marché avec des prix d’achat très faibles, souhaitent diminuer fortement ces versements. Les cantons Alpins, dont le Valais, se sont exprimés fortement contre toute baisse de ces redevances hydrauliques. Les cantons alpins défendent chèrement la redevance hydraulique – Le Temps

La situation semble bien sombre pour l’hydro-électricité suisse, mais quelques signes positifs sont à relever :

– En votant en faveur de la stratégie énergétique le 21 mai, les Suisses ont accepté de soutenir leurs barrages tout en abandonnant le nucléaire. Parallèlement certaines pressions politiques sont en cours pour que les pouvoirs publics soutiennent encore plus fortement le secteur.

– Alpiq a finalement décidé d’abandonner son idée de vendre ses installations hydrauliques. Celles-ci vont donc rester en mains suisses, mais cela signifie aussi qu’Alpiq n’a peut-être pas trouvé d’acquéreurs au prix demandé…
Alpiq renonce à vendre une partie de ses centrales hydroélectriques – Le Temps

– Les projets hydrauliques ne sont pas tous bloqués. Par exemple, la centrale de pompage-turbinage des Forces Motrices Hongrin-Léman à Veytaux (près de Villeneuve) vient d’inaugurer deux nouvelles unités de production qui permettent de doubler la puissance. Même si le projet a vacillé face à la situation du marché, il a quand même été mené en grande partie à terme.Energeia – n° 3/17

Les années prochaines seront cruciales. L’énergie hydraulique saura-t-elle résister à court terme à la pression du marché ? Ce serait souhaitable car beaucoup d’analystes pensent que l’hydraulique a de l’avenir. En effet, les barrages restent la seule manière vraiment efficace et à grande échelle de stocker les surproductions d’électricité De plus, toutes les sociétés productrices d’électricité en Suisse ne sont pas dans les chiffres rouges. Les distributeurs locaux, qui disposent entre autres de beaucoup de clients captifs sont moins touchés par ces distorsions du marché.

MR&LM

Centrales nucléaires vieillissantes: 3 annonces le même jour

Voici trois nouvelles qui ont été rendues publiques le même jour :

La centrale nucléaire de Mühleberg sera définitivement fermée à fin 2019
les forces motrices bernoises (BKW) ont fait cette annonce car les travaux nécessaires pour maintenir la sécurité sont trop élevés. Il est à noter que le réacteur de Beznau I est actuellement à l’arrêt et pourrait aussi ne jamais redémarrer. Pour information, Beznau est la plus ancienne centrale nucléaire au monde en fonctionnement (1969) !

Durée de vie illimitée pour les centrales nucléaires suisses ?
Le National s’est opposé à toute limitation de la durée de vie des centrales nucléaires par 131 voix contre 64. Cette décision contredit ses positions précédentes.

Centrale nucléaire du Bugey (FR): La ville et le canton de Genève déposent plainte contre la France
Cette plainte contre X pour mise en danger de la vie et pollution des eaux est motivée par l’âge de la centrale qui ne se trouve qu’à 70km de Genève.

Tout n’est peut-être pas coïncidence, mais cela montre que dans le contexte de surproduction d’électricité en Europe, la volonté de faire durer les vieilles centrales risque d’être contrecarrée par les dures lois économiques. La transition énergétique semble donc bien inéluctable, raison supplémentaire de s’y engager de façon volontaire et déterminée.

articles & captures d’écrans :

rts Mühleberg & durée
Le Temps – Bugey

Informatiosn complémentairse :

La ministre française de l’environnement s’est déclarée le 28 février dernier favorable à un allongement de 10 ans de la durée de vie des centrales nucléaires françaises…
Le Monde – Ségolène Royal « prête » à prolonger de 10 ans la durée de vie des centrales nucléaires

Un jour après les annonces suisses, l’Allemagne réitère sa demande auprès de la France de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim en Alsace > dépêche du Temps

Nouvelles lampes led à filament

Depuis quelque temps, de nouvelles lampes led sont commercialisées. Le verre de l’ampoule est transparent et à l’intérieur des filaments s’illuminent.

Ces nouvelles lampes led ont l’avantage de ressembler « comme deux gouttes d’eau » aux anciennes ampoules à incandescence; ce d’autant plus que pour certains modèles l’électronique est complètement dissimulée dans le culot.

Le principe de fonctionnement de ces nouvelles ampoules est le suivant : de toutes petites led sont chaînées puis recouvertes d’un enduit fluorescent de couleur jaune afin de transmettre une lumière chaude. Ces chaînes de led forment les filaments.

Les avantages sont nombreux :

– l’ampoule ressemble aux anciens modèles (même taille, même aspect, etc.)
– la lumière est diffusée de manière bien moins focalisée que les autres ampoules led.
– ces ampoules sont très économiques (comparables voir mieux que d’autres modèles led).
– comme les autres ampoules led, elles donnent leur pleine puissance à enclenchement.

L’émission de la RTS A bon entendeur a réalisé en décembre un test comparatif de différentes marques. Selon ce test on peut conclure que, pour l’instant, il faut plutôt se fier à des produits de marque. En effet, certains modèles de marques moins connues ne produisent pas la quantité de lumière annoncée.

Pour ce qui est de la durée de vie, il faudra attendre le printemps pour des résultats; bien que certains modèles semblent déjà perdre en efficacité avec le temps.

De notre côté, nous avons installé depuis 6 mois le modèle Wiva dans notre cafétéria. Et voilà le résultat : deux filaments sont déjà hors service et un autre clignote désagréablement…

Notre « test » ne portant que sur un exemplaire, il est difficile d’extrapoler. Mais il est probable que, comme pour les premières lampes fluo-compactes, certains modèles manquent de fiabilité. C’est d’ailleurs le modèle classé dernier du test de la RTS… (le défaut ne concernerait que certains lots, semble-t-il…)

Toujours est-il que cette nouvelle technologie va certainement s’imposer car elle permet de grandes économies sans modifier l’habitude du consommateur.

Affaire à suivre…

L’abandon des chauffages électriques est programmé

Les cantons suisses au travers de la nouvelle version du MoPEC (Modèle de prescriptions énergétiques des cantons) ont fixé à 2035 la suppression des chauffages centraux électriques (voir article du Temps).

C’est un sujet sensible, car à Fribourg par exemple, le peuple a voté contre cet abandon. En effet, de nombreux propriétaires de bâtiments à chauffage central électrique refusent d’être contraints à ce changement, ce d’autant plus que ces mêmes autorités ont, par le passé, encouragé l’installation des chauffages électriques. De plus, la plupart des chauffages électriques ne disposent pas d’un circuit d’eau chaude. Adopter une autre source d’énergie implique souvent de perforer tout le bâtiment pour réaliser le circuit hydraulique manquant, installer une cheminée, trouver la place pour une chaudière. Le passage à une autre énergie que l’électricité directe peut donc représenter des coûts très élevés.

Mais alors pourquoi obliger des propriétaires à abandonner le chauffage électrique ?

Il s’agit d’un choix de politique énergétique :

L’électricité est une énergie à haute valeur. En effet, elle résulte déjà d’une transformation d’énergie primaire et est la seule capable de faire fonctionner tous nos appareils électriques et électroniques. Il est illogique de la transformer en chaleur, ce que l’on peut faire en brûlant simplement des combustibles (bois, mazout, gaz naturel, etc.).

La stratégie énergétique 2050 de la Confédération prévoit l’abandon du nucléaire. Pour atteindre cet objectif, il s’agit de développer les énergies renouvelables, l’efficacité énergétiques et les économies mais également de réserver l’électricité produite à ce qu’elle a d’unique, faire fonctionner tous nos appareils électriques.

Si les autorités ont décidé de cette mesure plutôt impopulaire c’est que la consommation des chauffages électriques est loin d’être négligeable. En effet, l’électricité consacrée aux chauffages représente environ 10% de la consommation électrique du pays (alors même que leur installation est interdite depuis de nombreuses années). En supprimant les consommations électriques destinées au chauffage, l’ambitieux projet d’abandon du nucléaire s’en trouve facilité.

Pour terminer sur une note d’humour, voici un épisode de 20secondes sur le sujet :

https://www.youtube.com/watch?v=MGq-UUM1Kjk